Mercredi 22 décembre 3 22 /12 /Déc 09:55

Le feu et les âmes.

 

 

Peu à peu, Slyve reprenait des forces, et des formes. Elle était constamment affamée et assoiffée de sang.  Heureusement que le fidèle Charles ne la quittait plus répondant à ses moindres désirs et la fournissant chaque jour de victimes fraîches qu’elle pouvait mordre à volonté.

 

Elle semblait s’être totalement adaptée à sa nouvelle nature démoniaque et apprenait à prendre plaisir dans la chasse de nouvelles proies.

 

Un jour, Charles lui transmit une invitation de la part de son maître Victor, à venir lui rendre visite en son château.  Lorsqu’il passait quelques temps sur la planète Belzebuthienne, il séjournait habituellement dans une grande demeure richement meublée au fond de la forêt, à quelques km du château du Monarque.   Slyve se réjouissait de l’invitation, tant pour revoir Victor que pour découvrir cette fabuleuse demeure.

 

Un soir donc ils s’installèrent tous deux, Charles et elle dans un confortable carrosse tiré par deux chevaux noirs ailés et s’envolèrent dans la nuit.

 

L’entrée du manoir était illuminée de grandes torches donnant des flammes de toutes les couleurs.  Sur les marches, un tapis rouge très épais l’attendait.  Dans l’entrée, au pied d’un magnifique escalier de marbre rose, se tenait Victor, vêtu d’une tunique brodée d’or ouverte sur la poitrine et d’un large pantalon noir.  Il était royal, magnifique. Slyve se sentit instantanément sous le charme de l’Ancien.

 

Il lui baisa la main de façon très distinguée et la fit monter l’escalier.

 

Vers la gauche, en haut des marches, on distinguait, au fond du couloir, une pièce où flambait un grand feu de cheminée.  Tout au tour, sur les murs de cette pièce, des bibliothèques contenant des livres par centaines.  Au centre, devant le feu, une immense peau laineuse, très douce, d’un blanc immaculé, et de nombreux coussins semblaient appeler à l’amour.  Slyve et Victor s’assirent côte à côte, sans dire un mot, sur les coussins.

Victor tendit à la jeune reine un verre en cristal rempli d’un vin rouge foncé à l’odeur enivrante.

 

Elle en but une gorgée en lui souriant.  Lui, pendant qu’elle buvait, glissait déjà ses doigts sur la peau tiède de ses joues et de son cou. La robe légère qu’elle portait, faite d’une matière semblable à des ailes de libellule fut rapidemment déchirée par les deux amants impatients.

 

Allongée paresseusement devant le feu, sur les coussins, Slyve regardait le séduisant vampire la parcourir du bout des doigts.

 

Le visage fermé, très sérieux, comme devant un problème insoluble, Victor suivait des yeux et de la main les courbes magnifiques du corps alangui.

 

Les doigts glissaient sur les seins, le ventre arrondi, les cuisses… remontait par les hanches, retournaient aux seins, se glissaient sur les épaules, découvraient les bras, la chatouillant au creux d’un coude au passage, pour attraper une main et en sucer les doigts avec délectation.

 

Des doigts, la bouche gourmande de son amant passa sur le bras, lécha le creux du coude, atteignit l’épaule.

Slyve cambra les reins, impatiente.  Chercha à tendre ses seins vers cette bouche qui la parcourait trop lentement à son goût.

 

Victor continua comme si de rien n’était son exploration.  Le creux du cou et la nuque furent soumis à des mordillements tendres, la faisant frissonner.  Elle laissa une crainte délicieuse s’insinuer en elle en offrant son artère si fragile à la bouche vampirique.  Il était sans doute rassasié car il ne la mordit pas, mais continua sa promenade sur son corps.

 

Enfin la bouche et les mains prirent possession de la poitrine avide de caresses.  Slyve vibrait sous les mains habiles comme une corde tendue. Elle ondulait, soulevant son bassin ou sa poitrine, et haletait d’excitation.  Son jus coulait déjà sur le tapis.

 

Victor attrapa un gros coussin, le plaça sous les fesses de la jeune femme.  La chatte toute mouillée posée ainsi en évidence, n’attendait plus que d’être léchée.  Il y enfouit son visage, parcourant les lèvres humides de nectar de sa langue sèche.  Slyve se laissait emporter par la jouissance.  Ses cris de plaisir retentissaient dans les couloirs du manoir.  Elle ondulait de plus en plus fort, plus vite, Victor du agripper les fesses pour se tenir sur elle.  Lui aussi activait le mouvement, sa langue frottait le clito à toute vitesse, entraînant la femme dans un orgasme qui ne semblait pas devoir s’arrêter.  Elle finit par se relâcher complètement, épuisée, vaincue, abandonnée, offerte, n’en pouvant plus de plaisir.

 

Un long doigt, s’enfonça dans le vagin détendu.  Victor continuait son exploration et il prenait tout son temps.  Tournant, écartant, tournant encore, il regardait attentivement le joli trou rouge qui semblait n’attendre que d’être bourré par une queue énorme.  Il y plaça les deux pouces et tira doucement pour l’écarter encore plus.

Toujours détendue et offerte, Slyve fermait les yeux, le laissant s’amuser comme il le voulait !

 

La langue du vampire passa à l’intérieur, suivie rapidement de deux doigts, puis de quatre.  Finalement, c’est toute la main qu’il tenta de faire entrer.  Slyve, surprise, sursauta, serra les fesses.  Mais déjà la main osseuse était entrée, et il lui caressait les parois sensibles de ses doigts froids.

 

Cette sensation unique, inconnue, faisait remonter des vagues de plaisir dans le ventre puis le corps de la belle reine.

 

Victor souleva la jambe de la femme, se coucha plus près et enfonça encore sa bite dans l’anus de sa maîtresse.  Il se mit à bouger lentement, le bassin et la main en même temps,  prenant le temps de savourer les ondulations qu’il provoquait dans le corps relâché et appréciant la beauté des seins gonflés qui sautaient devant ses yeux.  De plus en plus excité, il donnait des coups de reins et ramonait la femme par les deux orifices.

 

 

Les deux amants, rendus fous de désir, hurlèrent leur plaisir jusqu’à la jouissance totale.

 

 

Victor resta longtemps allongé, sa main et sa queue au chaud dans le corps de la femelle immobile, sereine et la regarda dormir alors que les lueurs des flammes dansaient sur la tendre peau rosée.

 

 

Soudain un remue-ménage se fit entendre à l’entrée.  Victor se leva,  Slyve ouvrit un œil et roula sur le côté, encore endormie.  La porte de la bibliothèque s’ouvrit avec fracas. Belzebuth se tenait dans l’ouverture, immense et pas content du tout.

 

-          Mon maître, balbutia Victor étonné.

 

-          Debout ! gronda le démon en avançant vers son épouse volage.

 

Slyve péniblement se mit debout.

 

-          je veux bien que tu t’amuses, mais pas en cachette, derrière mon dos, et pas chez lui tu m’entends !  gronda-t-il.

 

-          Mais ?

 

-          Non, tais-toi.  Si tu ne portais pas mes rejetons, je ne sais pas ce qui me retient…

 

-          Je vous en prie seigneur, ressaisissez-vous ! Intervint le vampire, je pensais que vous étiez favorable aux plaisirs que je pouvais lui procurer en votre absence.  Et puis, elle est un peu vampire ne l’oubliez pas.

 

-          Non je ne l’oublie pas… et la faute de qui si ma femme est de votre sale race de dégénérés ?

 

-          Ma faute seigneur, sans doute, mais, c’est une chance et une force pour elle.  Aurait-elle résisté aux pontes ?  Vous savez bien qu’aucune autre femelle n’a résisté jusqu’au bout.

 

Un peu calmé, le démon cherchait autour de lui sur quoi passer le reste de sa rage.  Il cassa quelques meubles, puis, attrapa Slyve par la main s’en alla à grands pas.

 

 

Une fois dehors, le démon se tourna vers son épouse.  Je vais te montrer ce que nous sommes réellement, nous les démons et quel est notre rôle.  Les vampires, eux, n’ont aucun rôle dans le plan de l’existence, ce sont des dégénérés, c’est tout.

 

-          Et quel est notre rôle alors ?

 

-          Nous portons sur nos épaules le poids du mal qui est dans le cœur de créatures.  Des humains par exemple, mais d’autres races d’autres planètes également. C’est le mal qui est en eux qui est notre force vitale.
Et lorsque ces créatures s’abandonnent elles-mêmes au mal, elles nous privent de force vitale.  Aussi, avons-nous pour rôle de récupérer leurs âmes mauvaises et de les punir.

 

-          Ça paraît logique.

 

-          C’est la loi de la Source et du Créateur.  Tout ce qui existe y est soumis.

 

-          Et tu veux me montrer quoi ?

 

-          Les punitions.

 

Slyve frissonna.  Le démon déploya ses ailes et la tenant contre lui, prit son envol.  Après un rapide survol de la forêt, ils atteignirent une région rocheuse et aride.  Ils la survolèrent quelques temps puis arrivèrent à une fosse, un grand trou dans le sol, d’où s’échappaient des lueurs rouges.

 

 

-          Bienvenue aux enfers, murmura Belzebuth dans son oreille avant de plonger dans la fosse.

 

           

Il s’agissait d’une immense caverne, très profonde, descendant sur un grand nombre de niveaux.  Slyve n’en voyait pas le fond.

 

Partout autour, sur les étages, des créatures étaient enchaînées et travaillaient à creuser la roche de leurs mains nues.  Les démons que Slyve avait vu dans les couloirs et les cérémonies du château rodaient autour des âmes viles et les frappaient avec des bâtons, des fouets et divers objets douloureux.  Quand le couple royal passait près d’eux, les petits démons s’inclinaient jusqu’au sol, respectueusement.  Les âmes semblaient ne pas les voir et continuaient à creuser.  C’était terrifiant.

 

 

-          Combien de temps vont-ils être punis ainsi ? demanda la femme prise de pitié.

 

-          Cela dépend.

 

-          De quoi ?

 

-          D’eux en fait.  Lorsqu’ils comprendront que leur salut vient de deux choses : un, les regrets, deux le désir de se racheter.

 

-          Et cela arrive vite ?

 

-          En général… jamais.

 

-          Ils sont là pour l’éternité tu veux dire ?

 

-          Oui.  Parfois certaines âmes sont rachetées par les prières des vivants.  Tu vois ces petites lueurs.

 

-          Oui, on dirait des feux follets.

 

-          Chaque prière est une lueur.  Si une âme la voit et est attirée, elle peut être sauvée.

 

-          Mais ils ne regardent pas les lueurs…

 

-          Tu as compris.

 

 

Slyve soupira.  La loi fondamentale de l’existence lui semblait extrêmement cruelle.

 

Elle souhaitait quitter au plus vite cet endroit, mais Belzebuth l’entraînait, nue, sur les pierres brûlantes, toujours plus bas.

 

-          Je t’en prie, rentrons.

 

-          Non, tu dois voir tout.  C’est ton royaume aussi.

 

En pleurant, elle se laissait traîner.  Comme elle ne marchait pas assez vite à son goût, il la prit à nouveau dans ses bras et il plongea ailes déployées vers les profondeurs.

 

Dans la chaleur intenable et l’odeur de soufre suffocante, Slyve pouvait à peine distinguer quelque chose.  Des ombres sans forme erraient là.  Pas de démons, pas de roche à creuser, rien que des ombres dans le feu et la douleur.  Slyve tremblait comme une feuille, elle ressentait très intensément la douleur et le mal qui régnaient en ces lieux et se mit à sangloter.

 

 

-          Courage ma belle, c’est fini, c’est le dernier niveau.

 

-          Mais qu’ont-ils faits pour être ici ?

 

-          Oh tu sais, sur beaucoup de mondes il y a eu des événements tels que vos camps de concentration.  Ce sont leurs inventeurs qui sont ici.  Des monstres, plus monstrueux que moi !

 

-          Pas de lumière pour eux…

 

-          Non, ils ne les verraient même pas de toute façon, leur vilenie les empêche d’imaginer même pour une fraction de seconde qu’il y a un espoir de rédemption.

 

-          Je n’en peux plus, je souffre trop.

 

-          Je sais.  Nous partons.

 

 

Tendrement cette fois il l’enlaça et vola d’une traite jusqu’à la belle pelouse devant sa chambre.

Slyve se laissa tomber dans l’herbe.  Il lui semblait qu’elle ne pourrait plus jamais s’arrêter de pleurer.

Belzebuth s’assit près d’elle et la prit dans ses bras.  Elle finit par s’endormir, les larmes coulant encore sur ses joues jusque dans les poils de la poitrine du démon.  Par la suite, elle ne le regarda plus jamais de la même façon.

 

 

Un grand éclair blanc déchira le ciel.  « oh non pas lui » pensa Belzebuth en serra la femme endormie contre lui.

Une silhouette floue, lumineuse apparu devant eux.

 

-          Baal, j’ai un message.

 

-          Raphaël, je t’ai déjà dit qu’on m’appelle Blezebuth à présent!

 

-          Tu prends des risques Baal, tu triches avec la Loi !

 

-          C’est mon rôle, non ? Nous les anges déchus, nous trichons et provoquons toujours.

 

-          Toi oui, mais elle ?

 

-          Elle est ma démone, ma femelle, ma chair à présent, tu ne peux plus rien pour elle.

 

-          Pour elle, non, elle a fait ses choix.  Mais contre elle.

 

-          Tu oserais lui faire du mal ?

 

-          Elle a encore le choix de son destin, mais…

 

-          Et bien laisse-la choisir vieux radoteur et fiche-nous la paix.

 

-          Je pars, mais je continuerai de l’observer, sache-le.

 

-          Oui c’est ça casse-toi !

 

 

L’Archange, car c’était lui, disparu dans un flash de lumière, laissant tomber une plume immaculée.

La lumière éveilla en sursaut la jeune femme.

 

-          Mmm qu’est-ce que c’est ?

 

-          Ce n’est rien ma belle. Un visiteur qui a laissé ça pour toi.

 

-          Oh quelle belle plume !  Merci.  Mais qui était-ce, j’ai le sentiment que c’était important.

 

-          Ecoute, tu as le choix de ta destinée, entre le Bien et le Mal.  Que choisis-tu ?

 

-          Comment puis-je le savoir ?

 

-          Le moment viendra où tu devras choisir.

 

-          Je voudrai te choisir car tu as des bons côtés et même très bons pour un si terrible démon. 
… Victor aussi a des bons côtés, tu sais.

 

-          Oui, je sais.  Personne ici n’est complètement bon ni complètement mauvais.

 

-          Et mon destin est peut-être de révéler ce qui est bon en vous ?

 

-          Peut-être.  J’espère que cela suffira.

 

-          Suffira pourquoi ?

 

-          Personne ne peut le dire.  J’espère c’est tout.

 

Perplexe, Slyve se leva et ils rentrèrent au château.

 

Par irisaia - Publié dans : Belzebuth
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